Deux bébés, un allaitement : récit d’un démarrage en force douce
Se préparer pour ne pas subir
J’avais fait le choix d’allaiter. Même avec des jumeaux. Même en cas de prématurité. Et j’avais entendu trop de récits de mères perdues dans les couloirs des maternités pour laisser les choses au hasard.
Alors j’ai rencontré Maria. IBCLC, consultante en lactation, mais aussi fine connaisseuse des réalités hospitalières. Elle savait où j’allais accoucher. Elle connaissait les protocoles. Elle m’a aidée à anticiper ce que moi je ne pouvais pas savoir : les courbes de poids qui affolent, les seuils de glycémie, les tire-laits prescrits trop tôt, les bouts de sein qu’on colle en prévention… Et elle m’a armée.
On a parlé des rythmes, des plateaux de succion, de la place du peau à peau, des bébés RCIU et de leur rattrapage possible, de la relance au tire-lait, des premiers signes d’éveil… J’ai compris que l’allaitement, ce n’est pas une question de volonté. C’est une question de contexte et de soutien.
Le grand plongeon
Elles sont arrivées avec un peu d’avance, un peu petites, comme prévu. En maternité, les choses sont allées vite. Bouts de sein, compléments, pesées, déxtros... On m’a demandé de suivre. Alors j’ai suivi. Mais je sentais que quelque chose clochait. Que ça ne collait pas.
Une fois à la maison, j’ai dit stop. Avec Maria, on a repris tout à zéro. On a vu l’ostéopathe, et en deux séances, les tensions qui empêchaient la prise directe se sont relâchées. On a viré les bouts de sein. On a arrêté les compléments. On a repris les tétées au calme, peau contre peau, sans minuterie.
Et là, quelque chose s’est ouvert. La succion s’est organisée, les prises de poids ont explosé. Une des deux était RCIU, et la courbe l’a prouvé : elle a rattrapé et dépassé tous les percentiles.
On est passées d’un allaitement sous surveillance à un allaitement libre, efficace, et joyeux.
Le quotidien, la fatigue, et la vie qui reprend
Des jumeaux, c’est intense. Mais le maternage proximal a été notre planche de salut. Le portage, les tétées à la demande, le cododo, la réponse rapide aux pleurs… Ça a fluidifié les choses.
On ne s’est pas battues contre le sommeil, contre les réveils, contre les poussées dentaires. On a accueilli.
Et les nuits ? Pas si terribles. Souvent, un sein tendu valait mieux qu’un biberon chauffé. J’ai allaité allongée, en tandem parfois. Fatiguée, mais paisible.
Il y a eu des doutes :
« Est-ce qu’elles prennent assez ? »
« Quand est-ce que j’arrête le tire-lait ? »
« Est-ce encore utile ? »
Et Maria était là. Pas pour me dire quoi faire. Mais pour me ramener à moi-même.
Diversification, travail et allaitement en liberté
La diversification a commencé tranquillement. À leur rythme. J’ai repris le travail sans remettre tout en question. Parce que j’avais préparé ça aussi. J’avais du stock, des repères, et confiance.
Et l’allaitement a continué. Il s’est adapté. Il a évolué. Mais il est resté là.
Aujourd’hui
Mes filles ont deux ans et demi. Elles tètent encore. Parfois souvent, parfois moins. Parfois ensemble. Parfois pas. C’est simple. C’est doux. C’est chill.
Et si je devais résumer : je n’ai pas allaité seule. J’ai été accompagnée. Pas dirigée. Accompagnée.
Et ça, ça change tout.
Tu attends des jumeaux ? Ton bébé risque d’arriver plus tôt ?
Je t’accompagne pour que ton allaitement ait toutes les chances de démarrer sereinement, même dans un contexte particulier.
Une préparation, c’est souvent là que tout commence.