Le réflexe de Moro : ce sursaut qui dit tout

On le voit parfois dès la salle de naissance.
Un bruit, un geste, un léger changement de position… et tout le petit corps se tend : les bras s’écartent brusquement, les mains s’ouvrent, le menton tremble.
Puis les bras reviennent vers le centre, dans un geste presque d’étreinte.
Parfois, les pleurs suivent.
C’est le réflexe de Moro.

Ce réflexe archaïque, je l’ai vu se manifester des centaines de fois.
Dans les berceaux chauffants, sur les tables d’examen, dans les bras encore tremblants des parents.
Et il ne cesse de me rappeler à quel point la naissance est une transition bouleversante — physiologique, neurologique, sensorielle, relationnelle.

Qu’est-ce qu’un réflexe archaïque ?

Les réflexes primitifs sont des mouvements involontaires, coordonnés par le tronc cérébral, présents dès la vie in utero.
Ils sont essentiels pour assurer la survie à la naissance et s’intègrent progressivement dans les premiers mois de vie.

Le réflexe de Moro : une réponse de survie

Le réflexe de Moro se manifeste en deux temps :

  1. Extension rapide des bras, ouverture des mains, inspiration,

  2. Repli des bras vers le centre, parfois accompagné de pleurs.

Il est déclenché par :

  • un bruit fort,

  • une perte de contact ou de soutien,

  • une lumière soudaine,

  • un changement de position.

Il n’est ni aléatoire ni inutile : c’est une alerte.
Une réponse physiologique à un monde brutalement transformé.

Le placenta n’est plus là : le bébé cherche un corps

Dans le ventre, le bébé est bercé, nourri, contenu. Le placenta filtre, régule, rassure.

Mais à la naissance, tout cela cesse.
Le bébé perd ses repères. Il est plongé dans un univers aux stimuli intenses.
Alors son système nerveux déclenche ce réflexe : alerte rouge. Il cherche un appui, une sécurité. Un corps.

Allaitement et réflexe de Moro : quand le sein devient réponse

Ce réflexe, je l’ai vu troubler des tétées.
Un bébé qui sursaute au sein, se cambre, pleure, relâche la prise... c’est peut-être juste un réflexe de Moro trop actif.

Ce n’est pas toujours un problème digestif.
Ce n’est pas toujours un “bébé difficile”.

C’est parfois un système nerveux en hyper-alerte, qui a besoin de contenance.
Et le sein peut alors devenir cet ancrage, cette sécurité.
Encore faut-il comprendre ce que raconte ce petit corps, avec une observation fine et un accompagnement adapté.

Que faire si le réflexe persiste ?

Le réflexe de Moro s’intègre naturellement entre 4 et 6 mois.
S’il reste très actif au-delà, ou s’il provoque un inconfort au quotidien (troubles du sommeil, hypersensibilité, difficultés au sein ou en portage), il peut être utile de consulter :

  • un pédiatre pour un avis neurologique,

  • un thérapeute spécialisé en réflexes archaïques (type RMT, Padovan),

  • un psychomotricien ou kinésithérapeute pédiatrique,

  • un ostéopathe pédiatrique,

  • une consultante en lactation IBCLC si l’allaitement est impacté.

À retenir

  • Le réflexe de Moro est une réponse archaïque de survie présente dès la naissance.

  • Il s’active en cas de perte de sécurité ou de changement brutal d’environnement.

  • Il est physiologique mais peut gêner l’allaitement ou le sommeil s’il est trop intense.

  • Une observation clinique expérimentée permet de mieux le reconnaître, l’accompagner, et proposer des ajustements doux mais efficaces.

  • Il est essentiel de respecter ce langage corporel du bébé, souvent mal interprété.

En savoir plus

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