Coliques du nourrisson : quand les pleurs nous disent autre chose

Il y a ces bébés qu’on appelle "coliques".
Ceux qui pleurent. Longtemps. Souvent. Trop.

Tu as tout essayé : bercements, massages, changements d’alimentation, ostéo, probiotiques…
Et pourtant, rien ne semble suffire.

Mais au fond, sait-on vraiment ce que sont les coliques ?
Et si ce terme, si souvent dégainé, nous faisait parfois passer à côté de l’essentiel ?

Coliques : d’où vient ce mot ?

Le mot colique vient du grec kōlon, le côlon.
À l’origine, il désigne une douleur intestinale vive, localisée.
Aujourd’hui, on l’utilise pour parler… de tout ce qu’on ne comprend pas chez un bébé qui pleure.

La vraie définition des coliques

La communauté scientifique (SFP, NASPGHAN) parle de coliques uniquement dans un cadre précis :

Un bébé de moins de 5 mois, en bonne santé, qui pleure plus de 3 heures par jour, plus de 3 jours par semaine, depuis au moins une semaine, sans cause médicale identifiée.

Autrement dit : les coliques sont un diagnostic d’exclusion.
Ce n’est pas un "truc" qu’on attrape. C’est ce qu’on pose quand tout va bien, sauf ces pleurs-là.

Processus physiologique suspecté

Il n’y a pas de cause unique démontrée, mais plusieurs facteurs se combineraient :

1. Immaturité du système nerveux entérique

Le système digestif est en construction. L’innervation de l’intestin, sa motricité et son adaptation à la vie extra-utérine sont encore instables.

Résultat : motricité désorganisée, spasmes, gaz mal évacués.

2. Hypertonie ou hypersensibilité abdominale

Certains bébés auraient un seuil de perception plus bas à la distension intestinale. Leur système nerveux autonome réagirait plus fortement aux signaux digestifs banals.

3. Immaturité du microbiote intestinal

Des différences de composition bactérienne ont été observées entre bébés avec ou sans coliques.
Notamment une prédominance de Clostridium et un déficit en Lactobacillus.
Cela génère plus de gaz, plus de fermentation, et potentiellement plus d’inconfort digestif.

4. Pic de cortisol

Entre 6 et 8 semaines, les bébés connaissent une poussée naturelle de cortisol. Ce stress endogène pourrait accentuer l’hyperréactivité au moindre inconfort.

En d’autres termes …

On ne connaît pas une seule cause, mais plusieurs pistes se dessinent.

1. Une digestion en rodage

Le système digestif du bébé est encore immature.
L’intestin apprend à bouger, à digérer, à expulser.
Tout est nouveau. Le péristaltisme gastro-intestinal est désordonné. Et parfois, ça coince.

2. Un microbiote pas encore équilibré

Chez certains bébés, les bonnes bactéries ne sont pas encore installées.
Résultat : fermentation, gaz, distension. Et inconfort.

3. Une sensibilité plus forte

Certains bébés ressentent plus fort. Leur seuil de tolérance est bas.
Un petit gaz pour l’un devient une vraie douleur pour l’autre.

Ce n’est pas étonnant. Le “vide”, les “glouglous”, sont des sensations déstabilisantes pour un bébé qui n’a pas encore la conscience de son schéma corporelle.

4. Un manque de mouvement

Notre société allonge beaucoup les bébés.
Dans des transats, des nacelles, des poussettes.
Mais rester allongé sans bouger entrave la digestion.

Si toi, adulte, tu manges et restes allongée sans bouger pendant des heures… ton ventre ne va pas aimer non plus.

ASTUCES: Le corps du bébé a besoin de bouger

Dès la naissance, ton bébé a besoin d’être actif, mobile, contenu avec douceur.
C’est un besoin physiologique.

Favorise :

  • Les exercices de reptation (réflexe archaïque),

  • L’éveil des réflexes d’orientation (bouche, points cardinaux),

  • Les passages dos/ventre accompagnés, plusieurs fois par jour,

  • Le portage actif en écharpe ou sling.

Selon la HAS et l’OMS, ces pratiques soutiennent non seulement la digestion, mais aussi la prévention des plagiocéphalies (aplatissement crânien).
À consulter : Soutien Plagiocéphalie Info & Partage

Et l’allaitement dans tout ça ?

On oublie trop souvent de regarder comment bébé tète.
Pas combien de temps. Pas combien de fois. Mais comment.

Encore une Fois ce qu’on veut c’est une tétée de qualité! Pas un record.

Un début de tétée désorganisé – avec un débit mal géré, une succion fatigante, une position pas optimale – peut générer :

  • Une arrivée de lait trop rapide que bébé ne parvient pas à coordonner,

  • Une prise d’air importante,

  • Une digestion précipitée, douloureuse.

Et là encore, ce n’est pas une colique… mais un allaitement qui a besoin d’un coup de main.

Les signes qui doivent alerter

Avant de poser l’étiquette "colique", on vérifie toujours :

  • Que bébé prend bien du poids selon les courbes de l’OMS,

  • Qu’il n’y a ni stagnation ni cassure de courbe,

  • Que les tétées sont confortables et efficaces,

  • Qu’il n’y a pas de vomissements en jet, sang dans les selles, ou ballonnements persistants.

En cas de doute : on explore, on accompagne, on n’attend pas.

Ce qui peut vraiment aider

  • Un allaitement ajusté, soutenu, confortable pour les deux,

  • Des temps de peau-à-peau et du portage actif,

  • Des mouvements doux au sol, plusieurs fois par jour : reptation, réflexes d’orientation, retournements accompagnés, (on peut voir ça ensemble).

  • Une ambiance calme, enveloppante, rythmée par vos besoins.

Le mouvement soutient la digestion.
Le contact soutient la régulation.
Et ta présence soutient tout.

Et si on arrêtait de tout appeler coliques ?

Ce mot ne dit rien du ressenti des mères.
Ni de la complexité des bébés.

Alors peut-être qu’avant de le poser, on pourrait :
Regarder. Observer. Ressentir. Accompagner.
Et parfois, demander de l’aide. Une vraie.

Coliques ? Le piège du fourre-tout. Prends soin de ton Post-Partum.

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